Tu es ce qu’on appelle un branleur compulsif. Du plus loin que tu te rappelles tu as toujours été à la merci des vidéos porno et des photos sensuelles que tu trouves sur internet. Tu as arrêté de compter le nombre de fois où tu te masturbes au cours d’une journée car affronter la réalité te ferait trop mal. Si au début tes goûts étaient plus « classiques » tu as petit à petit pris goût à l’univers BDSM et plus particulièrement à la domination féminine. Tu t’es branlé sur une centaine de pieds, tu t’es astiqué devant des crachats et des pets, tu penses avoir fait quasiment le tour de tout ce que la communauté kinky peut avoir de meilleur. Un jour alors que tu naviguais encore à la recherche d’une vidéo, tu aperçois un terme qui t’était jusque là encore inconnu « chasteté ». Intéressé tu ouvres le descriptif de la vidéo et vois apparaître une femme somptueuse au sourire sadique qui tient dans sa main un objet en métal en forme de phallus. La description dit « Branleur compulsif il est temps de te reprendre en main. Ta dominatrice cruelle décide que désormais la liberté c’est fini pour toi. Elle te met en cage et te tease comme jamais. Tu risques de finir très serré … ATTENTION MASTURBATION INTERDITE ». Tu ris devant la mention en majuscule en te demandant à quoi peut bien servir une vidéo devant laquelle on ne peut pas se branler. Ta curiosité te pousse malgré tout à la visionner. Tu ajoutes le contenu multimédia à ton panier et attends devant le chargement du site. Tu cliques et s’affiche alors en grand la femme au sourire sadique dressant un portrait de ce que tu as toujours été : une misérable larve incapable de se contenir. Tu regardes chaque scène avec attention , complètement obsédé par les mots qui sortent de cette bouche délicieuse. Tu as tellement envie de te branler et pourtant tu sens un devoir profond de soumission, tu te dois d’obéir à cette étrangère envoûtante. La vidéo s’achève et tu as tenu bon malgré ton érection plus que grandiose. Tu décides de te rendre sur le profil de la geôlière et remarques alors une spécialité qu’elle propose : « initiation au keyholding ». Après quelques recherches sur la définition du terme tu comprends que cette vicieuse muse te propose d’essayer la chasteté à ses côtés. Ni une ni deux, tu fonces pour la contacter et vivre cette expérience totalement hors du commun. Après une rapide présentation de l’accord la femme t’ordonne d’acheter une cage de chasteté et te dit qu’elle ne te reparlera qu’une fois que tu seras « digne de pouvoir lui adresser la parole ». Tu ne comprends pas ce que ça signifie et tu commences à envoyer plein de questions pour savoir ce qu’elle entend exactement par « digne ». Aucune réponse. Tu réessayes plusieurs fois, toujours rien. Tu t’empresses alors d’aller commander la première cage que tu vois sur un site et te hâtes d’envoyer un nouveau message en disant « elle est commandée ça y est ! ». Tu restes en vu. Tu t’éloignes de ton ordinateur un moment et tu réfléchis plus amplement à cette phrase envoyée tout à l’heure « tu dois être digne de m’adresser la parole. » Tu pensais pourtant avoir tout fait correctement, tu as envoyé une offrande de contact, a payé pour le keyholding et tu t’es même acheté une cage ! Qu’est ce qui pourrait bien manquer ? Une lueur de génie inonde alors ton petit cerveau. Elle n’accepte pas d’adresser la parole à des hommes libres, elle considère que tout homme voulant lui parler doit être prisonnier de la petite boite en fer. Il va donc falloir que tu attendes que la cage arrive… Tu te précipites sur le mail de confirmation d’achat et tu vois alors « livraison prévue dans sept jours ». Tu ne peux t’empêcher de t’exclamer « sept jours ! ». C’est beaucoup trop long, tu ne peux pas attendre autant de temps pour lui parler. Tu te rappelles alors que pas loin de ta rue il y a un sex shop ouvert 24h/24. Tu enfiles ta veste, descends les escaliers en trombe et cours vers la boutique, le portefeuille à la main. Une fois à l’intérieur, tu te surprends à être un peu honteux. Parmi tous ces masturbateurs en plastique, ces objets de plaisir brillants toi tu viens pour … ne plus jouir. Tu te diriges vers le rayon SM et tu aperçois les petits objets de torture, du plastique, du silicone, du métal … Qu’est ce qui Lui ferait plaisir ? Un modèle très petit en métal te fait de l’œil. Avec ça c’est certain qu’Elle sera fière. Tu rentres chez toi et t’affaires à enfiler la dame de fer tant bien que mal. Une fois le tout mis en place tu te rends compte du pouvoir de l’objet : tu es complètement contraint, mentalement, physiquement, totalement prisonnier. Tu ouvres à nouveau la fenêtre de discussion et envoies « ça y est madame, elle est mise ». Tu reçois alors « toujours pas digne ». Tu tapes violemment du poing sur ton bureau en criant « mais c’est pas possible enfin ». Qu’est ce qu’Elle veut de plus ? A quel détail visiblement essentiel n’as tu pas pensé ? Tu envoies plusieurs offrandes frénétiquement en vain avant de réfléchir à nouveau. Un jour passe, une semaine, un mois. Un mois que tu n’as pas joui, un mois que tu supplies le ciel d’obtenir une réponse de cette déesse cruelle. Tu es dans un état de fébrilité que tu n’avais jamais connu, tu te lèves en pensant à Elle, tu manges en pensant à Elle, tu te couches en pensant à Elle, tu rêves même d’Elle la nuit. Tu finis par te résigner et tu envoies un dernier message disant « merci Madame de m’avoir fait découvrir le sens du mot « passion », je ne vis désormais que pour vous, je n’attends aucune réponse à ce message, je voulais juste vous dire que quoi qu’il en coûte, j’attendrai ». Alors que tu t’apprêtes à refermer ton ordinateur, tu aperçois une petite notification dans tes messages. Elle a répondu. Tu essayes de contenir ton émotion mais des larmes de joie roulent sur tes joues lorsque tu lis «bienvenue, maintenant tu sais ce que c’est que d’être digne de moi ».
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